mardi 31 mars 2015

Arrivée au cœur du Congo

Mercredi 18 Mars
Au petit matin, nous chargeons le véhicule de nos provisions, matériel et bagages. Les préparatifs prennent plus de temps que prévu, notre départ tarde: 6h… 7h…8h… 9h… Enfin nous mettons les gaz ! Notre chauffeur Daniel, logisticien depuis plusieurs années au WWF, connait parfaitement le trajet ainsi que la région où nous allons. « Il faut avoir le cœur dur pour vivre à Malebo » témoigne-t-il!

Kinshasa et ses bidonvilles s’étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres, aussi nous faut-il plus d’une heure pour quitter la ville. La piste en terre remplace rapidement le bitume, les maisons cimentées  de la ville font place à la chaume et la terre séchée.  Visiblement les véhicules sont rares sur ces routes car les villageois s’arrêtent souvent à notre passage et l’on nous observe d’un air interloqué. Les enfants, si nombreux, en nous voyant courent après la voiture en criant « Mondele !! ». Plusieurs carcasses de camions et autres véhicules jonchent la piste. Nous entrons dans la petite saison des pluies : le ciel se fait menaçant, puis l’orage et la pluie finissent par tomber, ralentissant notre avancée.


Finalement, après quelques 370km en presque 11h de route, nous arrivons à Bandundu 2, situé sur la rive opposée de la ville de Bandundu. Il est plus de 20h, nous avons donc raté de 3h le dernier bac permettant de rejoindre l’autre rive. En attendant le prochain bac du lendemain matin, nous passons la nuit dans un petit hôtel semble-t-il prévu pour les gens de passage vers Bandundu.
Hôtel à Bandundu 2 géré par Constantin
Jeudi 19 Mars
Alors que nous attendons l’embarquement pour Bandundu tôt le matin, plusieurs pirogues accostent notre rive. L’une d’elles transporte des enfants en uniforme, semble-t-il en route pour l’école. Finalement, le bac arrive. Une vingtaine de minutes pour traverser le fleuve, puis nous continuons notre route vers la prochaine étape : Nioki!

Bac de Bandundu

Le trajet à effectuer aujourd’hui est plus court que la veille. Une centaine de km seulement,  entrecoupés de la traversée du fleuve Kasai.
  




En milieu d’après midi nous arrivons à Isaka, sur la rive opposée à Nioki. Nous attendons plusieurs heures notre bac. Je profite de cette période d’attente pour pratiquer le Lingala avec quelques Congolais curieux de converser avec des Mondeles. Plusieurs personnes nous accostent, dont quelques marchands. L’un vend un boa, un autre nous propose une tortue pour 6000 Francs. Daniel finit par nous retrouver et nous annonce que le bac entre Nioki et Isaka est en panne. Nous commençons à comprendre qu’ici, quelle que soit la précision du planning établi, trop d’inconnues entrent en compte et rien ne se passe jamais comme prévu ! Mais Daniel est encore une fois plein de ressources et nous trouve à nouveau un petit hôtel et un bon souper.. Nous profitons d'un délicieux repas sous un beau ciel étoilé.



Vendredi 20 Mars 

Bonne nouvelle au réveil : le bac est réparé ! Nous nous apprêtons donc pour notre ultime étape : Le camp de base du WWF ! Après une traversée d’un peu plus d’une heure à bord du dernier bac, nous arrivons à Nioki.
Nioki
Contrôle d'identité par l’administration locale, quelques courses pour le trajet, et en route ! La piste se fait de plus en plus tortueuse à mesure que nous nous éloignons de la ville. Nous devons parfois contourner le chemin par quelques passages en brousse pour éviter les plus gros obstacles. Nous traversons plusieurs concessions forestières gérées par la SODEFOR et d’autres étendues appartenant à la SOGENAC, société d’élevage de bovins. Les pistes sont alors très bien entretenues sur ces quelques kilomètres. Les villages se font de plus en plus rares, et de plus en plus petits. Régulièrement nous croisons des piétons, souvent chargés de sacs de manioc (tubercules ou feuilles). En milieu d’après midi nous arrivons au niveau des « 12 ponts de bois ». L’un d’eux, cassé en son milieu, nécessite réparation. Nous entamons l’ouvrage  en déplaçant quelques planches. Soudain, une dizaine de personnes de passage viennent spontanément nous aider! La tâche est alors plus aisée et quelques dizaines de minutes suffisent pour pouvoir continuer notre route.


Enfin, après avoir traversé de nombreuses savanes, forêts et pâturages, nous arrivons, à la fois exténuées et excitées… à Malebo !!! 

mardi 17 mars 2015

En route vers Malebo

Ça y est! L'heure du départ a finalement sonné! Demain de bonne heure, nous ferons cap vers Malebo pour 3 jours de trajet sur un peu plus de 700 km au total. Deux arrêts prévus: Bandundu et Nioki. Trois fleuves à traverser dont le Kasai, large affluent du fleuve Congo. Ci-dessous une carte approximative de notre itinéraire.
Trajet de Kinshasa vers Malebo
Après quelques difficultés logistiques, nous partirons finalement avec un seul véhicule dans lequel il nous faudra rentrer nos provisions, bagages et matériel commandé par l'équipe de Malebo. Une partie de Tetris qui ne sera pas des plus simples!

Nous profitons d'une dernière promenade à Kinshasa en attendant le grand Départ. En vagabondant nous finissons par tomber dans ce qui semble être la zone des "expats" vu l'augmentation significative de "mundele", notamment des enfants. Le quartier dénote complètement avec le reste de la ville de par son calme et la présence de joggeurs et promeneurs. A l'entrée, le long et à la sortie du chemin: plusieurs barrages impressionnants (hommes armés, barbelés, et même un tank!).

Fleuve Congo, Brazzaville sur la rive opposée
Quartier de Kinshasa le long du fleuve Congo

samedi 14 mars 2015

Kinshasa (5)

Bonne nouvelle: les visas sont arrivés! Le Grand Départ n'a jamais été aussi proche! Il nous faudra cependant attendre mercredi prochain (au moins) pour décoller car il est maintenant prévu que nous prenions deux véhicules dont l'un est en révision. 

Nous profitons de notre dernier weekend en ville avec notamment la visite de l'Académie des beaux-arts que nous a recommandé un membre du WWF. Ici sont enseignées plusieurs techniques dont la céramique, la sculpture et la peinture. Certaines œuvres d’étudiants, diplômés et professeurs sont exposées au public, dont voici ci-dessous un petit échantillon. Malheureusement les peintures à l'intérieur de l'institut, hautement riches en couleur et de styles très variés, ne peuvent être photographiées. 




Une classe d'écoliers traverse les jardins de l'Académie des Beaux-Arts
et s'amusent de la présence de "mundele" (hommes blancs)
Nous continuons également nos petites excursions à l'aveuglette qui nous permettent de découvrir de nouveaux recoins de la ville. 

Les Kinois sont majoritairement des chrétiens très pratiquants et nous croisons fréquemment des églises en nous promenant. Souvent réduites à de simples bâtisses, seules les indications peintes sur les façades permettent d'identifier ces lieux de cultes.



Quelques "scènes de rue" capturées durant nos trajets en voiture avec le WWF:

Je continue parallèlement à découvrir de nouvelles espèces (à identifier!) au coeur de la ville.
Lézard (non-identifié)
Gecko (non identifié)
Et bien sûr, toujours le petit point culinaire! Aujourd'hui nous découvrons un fruit vraiment délicieux, à la chair sucrée et très juteuse: la mangusta, ou mangouste.
Mangusta (Garinia mangostana)
Mama Béatrice, notre cuisinière favorite avec Mama Sandrine

mercredi 11 mars 2015

Kinshasa (4)

Le délai maximum prévu pour l'obtention de nos visas est maintenant écoulé: toujours pas de passeports. Plus qu'un ou deux jours d'attente selon les personnes en charge des démarches au WWF. Mais inutile de se presser: le véhicule dédié à notre voyage vers le site d'étude en forêt (que l'on nomme ici "Malebo") n'est pas disponible avant lundi prochain... 

L'attente commence à se faire un peu longue car nos déplacements à partir de l'hôtel restent très limités sans véhicule. Cependant, nous bénéficions occasionnellement d'un conducteur du WWF pour nous aider dans nos préparations. Nous démarrons donc nos achats de nourriture et matériel à emmener au camp. Le WWF a pour habitude de s'approvisionner dans l'une des nombreuses épiceries de la ville, Suhani, qui fait bénéficier aux membres de l'association 5% de réduction. 

En entrant dans la boutique je me présente. "Bienvenue" me répond le commerçant. Je remercie son hospitalité avant que qu'il ne m'explique en rigolant que c'est ainsi qu'il se nomme. De nature très joviale, Bienvenue et ses collègues sont aux petits soins avec nous. On nous fait asseoir, on nous offre à boire, on nous aide à empaqueter et charger les provisions. 

Boîtes de conserves, féculents, produits ménagers, ... il nous faut prévoir assez de vivres pour au moins 2 mois. Le camp étant extrêmement isolé il nous sera ensuite difficile de nous réapprovisionner. 

Société Suhani, épicerie fréquemment visitée par le WWF 

Les conducteurs du WWF se chargent souvent de plusieurs courses à la fois. Nous en profitons donc pour découvrir de nouveaux coins de Kinshasa.


Tailleuses et couturières proposent la confection
sur mesure de T-shirts, robes et autres habits
Tricycle qu'utilisent de nombreux infirmes dans Kinshasa
Côté nourriture, nous continuons à découvrir de temps en temps de nouvelles saveurs. Ci-dessous des chenilles que l'on sert régulièrement dans les restaurants. Un peu gluant, mais appétissant !


Lors de nos trajets et régulières visites au bureau du WWF, nous rencontrons également différents employés de l'association: responsables des ressources humaines, chargé de projets, etc. Nous faisons par exemple la connaissance d'Augustine, qui gère plusieurs missions dans le Parc National des Virunga. Celui-ci représente le plus ancien parc du pays et même du continent Africain. Il tient sa réputation d'une faune et de paysages très riches: "Un Paradis sur Terre" nous décrit Augustine. Cependant, malgré le statut de protection maximal dont il bénéficie, un permis de forage pétrolier a récemment été concédé à une compagnie britannique. Augustine a travaillé étroitement avec les communautés locales pour obtenir la suspension de ce permis et se bat à présent pour l'arrêt définitif du projet. Elle évoque également le monopole des ressources minières par les Chinois, ce qui me rappelle un excellent reportage expliquant l'origine de nos gadgets électroniques (lien du reportage).

samedi 7 mars 2015

Kinshasa (3)

Déjà une semaine au Congo! 

Toujours en attente de visa, nous profitons d'un précieux temps libre avant notre départ en forêt. L'occasion par exemple de commencer à réfléchir à notre mission (voir la rubrique Présentation). J'attaque donc en potassant quelques articles sur l'écologie des bonobos et des éléphants, ainsi que de récents rapports de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). 

Entre temps, nous continuons à prendre petit à petit nos marques. Au programme aujourd'hui: visite du jardin botanique et promenade près du fleuve Congo. Quelques kilomètres de marche à travers des quartiers beaucoup moins développés que ceux que nous avions vus jusqu'ici et nous voici arrivées. Le jardin, composé d'une centaine d'essences d'arbres, a bénéficié il y a quelques années d'une réhabilitation grâce à l'appui de la France, la Belgique et l'UICN. Nous découvrons donc plusieurs espèces arboricoles, locales et importées, tels que le baobab ou l'arbre à soie.

Jardin botanique de Kinshasa
Arbre à soie ou Mimosa de Constantinople (Albizia julibrissin)
Agama des colons (Agama agama)


Le midi nous rejoignons Alain, un camarade ayant suivi la même formation que moi (IEGB) que j'ai rencontré sur le vol Paris-Kinshasa. En vacances pour quelques jours, Alain nous propose très obligeamment de nous faire découvrir un peu sa ville natale. Il possède en effet un bien des plus précieux par ici: un véhicule! Après un savoureux repas, nous nous mettons en route vers le fleuve, en profitant du trajet pour capter quelques images.
De gauche à droite en haut: makemba (bananes plantain),
ndunda (légumes verts) et poisson, en bas: fufu et fumbwa
Bière Primus, brassée dans 4 pays d'Afrique centrale.


Stade des Martyrs
Nous apercevons rapidement le fleuve, puis sa rive opposée sur laquelle repose la capitale de l'autre Congo: Brazzaville. Alain nous explique que lorsque le niveau du fleuve est suffisamment bas, comme en ce moment, certains se risquent à le franchir à pied.

Un homme traverse un bras du fleuve Congo à pied
pour rejoindre la rive opposée (Brazzaville en arrière-plan)


Sur le chemin du retour, nous crevons. Miraculeusement, un réparateur se trouve justement quelques mètres plus loin. Un peu trop miraculeusement au goût d'Alain, qui remarque que cette coïncidence arrive régulièrement... J'en profite en tout cas pour filmer (avec autorisation!) un barbier en plein travail.