mardi 21 avril 2015

Mbanzi (1)

En ce jeudi 2 Avril, papa Jean et moi faisons route pour Mbanzi… à moto ! Un moyen de transport très pratique sur ces routes accidentées, si toutefois la pluie ne tombe pas !


Pour commencer je ne resterai que 2 jours sur le site d’étude des éléphants de forêt. Objectifs: rencontrer l’équipe de pisteurs, découvrir la zone d’étude, les données récoltées depuis 2006 et surtout cartographier les pistes grâce à la mise à disposition d’un nouveau GPS.

Je découvre à mon arrivée mon nouveau logis : une ravissante maison récemment rénovée :

Sanitaires: toilettes et douche
Deux pisteurs travaillent à Mbanzi : Papa Deny et Junior. Tous deux prospectent quotidiennement 2 sentiers aux alentours du village à la recherche des traces d’éléphants et autres espèces de mammifère.

Nous commençons par la piste la plus courte, appelée Mabanga, qui sillonne la forêt et les champs à proximité directe de Mbanzi. A peine quelques kilomètres parcourus  et déjà un premier constat : les traces d’éléphants (crottes, empreintes, pistes, frottements sur les arbres) datent tous d’au moins 2-3 mois. Papa Deny m’explique que la présence des pachydermes est saisonnière, car les ressources en nourriture s’épuisent rapidement lorsqu’ils fréquentent la forêt. Ils alternent donc leurs séjours entre 2 régions : ici, et la région Kasaï, au grès de la nourriture disponible. En ce moment donc, les éléphants sont absents et ne reviendront qu’en Juin-Juillet, selon les prévisions de Papa Deny !

La piste que nous suivons finit par rejoindre une route de la SIFORCO qui exploite le bois dans la région. Une vraie saignée au cœur de la forêt fait office de sentier de prospection sur plusieurs kilomètres.

 La route rejoint Mbanzi en passant par plusieurs champs cultivés par abattis- brûlis.

Champ de maïs cultivé par abattis-brûlis
Maison détruite par les éléphants de forêt
Le GPS cartographie le tracé de notre parcours : 8 km de piste en forme de boucle autour du village.


Le lendemain nous partons pour un sentier plus long : Mukulungu, qui doit son nom à un arbre majestueux s’imposant en milieu de piste : 


Pas besoin de gourde pour les pisteurs: les lianes suffisent à se rassasier en eau!


Nous trouvons encore plusieurs vieilles traces d’éléphants. Quelques empreintes également d’antilopes et gazelles, porc-épics et autres mammifères. Nous observons aussi beaucoup de traces de présence humaine : douilles et pièges notamment. La région ne bénéficiant pas d’un quelconque statut de protection, il est autorisé de chasser tout animal ne figurant pas parmi les espèces protégées.

La piste traverse cette fois-ci de façon rectiligne des étendues de savanes et forêt dense. 28 km aller-retour : une bonne trotte comparé à Mabanga !


Savane brûlée le long de Mukulungu
Les 2 pistes où travaillent Papa Deny et Junior sont maintenant cartographiées. Cela éclaire un peu la situation actuelle à Mbanzi. Prochain objectif : explorer d’autres sentiers disponibles le long de Mukulungu: pistes de chasseurs, pêcheurs et pisteurs de la SIFORCO. La végétation étant très dense, ces passages un peu dégarnis sont précieux pour pénétrer un peu plus profondément en forêt. Ils s’avéreront donc utile pour établir le futur site d’étude. 


Mardi 7 Avril. Marmites, tentes, matelas et autre matériel de camping sont prêts : nous pouvons partir ! Au programme cette semaine : la prospection des pistes adjacentes à Mukulungu. Les objectifs sont toujours (1) de « pré-étudier » la zone (quelles espèces sont présentes? quelles traces ? à quelle fréquence les observons-nous?) et (2) de cartographier les pistes disponibles pour la mise en place du futur site d’étude.
Le WWF recrute pour l’occasion un 3e pisteur : Papa Victor, surnommé Papa Vicky. Originaire de la région équatorienne au nord de la RDC, Vicky est spécialisé dans le suivi des bonobos. La pose de piège photographique a permis de révéler la présence d'individus près de Mbanzi. Le WWF souhaiterait donc rechercher les traces de l'espèce (nids notamment) dans cette zone pour en savoir plus sur la population vivant ici. 

Nous commençons par établir un campement en forêt, à partir duquel nous continuons le lendemain notre avancée. 
Camp de base de Matembele
Rivière Bambou, faisant office à la fois de douche,
source en eau potable et lavabo
Au menu: bananes plantains et asperges sauvages
Nous rencontrons toujours les mêmes traces d'éléphants: de vieilles crottes, de nombreuses pistes et empreintes, quelques marques sur les arbres (et même quelques poils d’éléphanteau !). Aucune trace des bonobos cependant!

Crotte d'éléphant sur laquelle repousse la végétation
Cabane de pêcheurs

Nous profitons de notre temps libre pour discuter de tous les sujets possibles avec les pisteurs. Papa Vicky en particulier, visiblement très curieux de découvrir une autre culture, me questionne sur tous les domaines : sport, politique, cuisine, environnement, famille, etc. Nous nous attardons en particulier sur le thème de la religion : je suis la première athée que Papa Vicky rencontre, ce qui semble le fasciner ! J'essaie d'expliquer au mieux la théorie de l'évolution en laquelle je crois, ce qui, à défaut de les convaincre, les fait bien rire! De mon côté j'en apprend également un peu plus sur la culture Congolaise!

Une semaine très enrichissante donc, en compagnie de mes 3 compères pisteurs!

Papa Vicky, Junior et Papa Deny

1 commentaire:

  1. Bonjour
    Sacrée aventure et que de belles photos ! (la forêt et le cricquet multicolore nous ont impressionné)
    Bonne découverte pour la suite !

    RépondreSupprimer