C’est reparti pour une seconde virée à Mbanzi ! Toute une expédition s'organise pour cette nouvelle mission. L’objectif cette fois-ci est de
réaliser une étude pilote sur les taux de rencontre avec les traces d’éléphants
et bonobos. En d’autres termes: observons-nous beaucoup de crottes, empreintes, nids et autres traces lorsque nous sortons des sentiers battus ?
Au programme donc : 10 jours en forêt pour explorer de
nouveaux « transects », c’est-à-dire des pistes linéaires qui suivent un cap
préalablement défini.
Notre équipe se compose cette fois-ci de 5 membres. Les
mêmes pisteurs qu’auparavant m'accompagnent: Papa Vicky, Papa Deny et Junior,
ainsi qu'un jeune équatorien répondant au nom de Lipasa.
Aidée d'un porteur, notre petite escouade se met en route
pour s’installer au campement de Matembele, à une dizaine de kilomètres de
Mbanzi, au coeur de la forêt.
Alors que nous marchons, Junior me pointe une trace au sol: "Nzoko, mikolo mibale". Des empreintes fraîches d'éléphants! Deux jours seulement que les individus ont foulé le sol où nous marchons! Excités à l'idée de pouvoir rencontrer les pachydermes, nous continuons notre route.
Empreinte d'éléphant |
La saison des pluies n’est pas finie : la bâche se révèle être une précieuse amie ! En quelques dizaines de minutes, les pisteurs érigent notre abri de brousse:
Une fois installés, nous débutons le travail. Objectif :
tracer 2500 mètres de piste par jour. Nous nous apercevons rapidement que cette
estimation est surévaluée. La végétation, complètement fermée, doit être déblayée bien plus que prévu. Traçant à la machette notre chemin, nous avançons successivement en terrain marécageux et
forêts de ligneux. S’ajoutent la traversée de multiples cours d’eau ainsi
qu’un relief parfois très raide, nous obligeant souvent à dévier notre
trajectoire. Boussole et GPS en main, je tente malgré tout de guider au mieux
notre équipe afin de tracer des pistes aussi linéaires que possible.
La végétation est parfois trop impénétrable pour avancer |
Tout en traçant notre route, nous notons les observations de
faune et de présence humaine. De nombreuses pistes de chasseurs côtoient celles
du gibier : antilopes, gazelles, phacochères et porc-épics. Nous trouvons
plusieurs pièges artisanaux ainsi que de nombreuses douilles de fusil.
Panier laissé par les pêcheuses |
La forêt ne semble pas receler beaucoup de traces fraîches d’éléphants : seules quelques vieilles pistes nous permettent d’affirmer que les pachydermes ont occupé la zone d’étude. Leur arrivée dans la région étant semble-t-il récente, probablement nous faut-il être plus patients.
Du côté des bonobos, peu de traces également. Suffisamment malgré tout pour confirmer ce que des pièges photos avaient révélé quelques mois auparavant : une petite communauté occupe la zone d’étude. Reste à savoir si ces traces sont suffisamment nombreuses pour estimer la taille de la population.
De façon plus prononcée encore qu’à Mbee, une multitude d’insectes nous assaillent tous les jours. Tels des soldats chargés d’expulser les intrus de la forêt, les fourmis rouges dégradent le matériel, les guêpes attaquent nos provisions, les mouches tsé-tsé boursouflent nos peaux de piqûres, les nzi-nzi (petites mouches) s’insinuent dans nos yeux et nos oreilles. Seule la pluie nous offre un instant de répit. De même qu'à Mbee, les pisteurs font preuve d'une patience inouïe face à ces difficultés.
La vie au camp est paisible mis à part ces quelques tourments. Junior, chargé de cuisiner en notre absence et garder les provisions, nous ravit les papilles quotidiennement. Nos repas alternent entre bananes plantains, fufu, riz, haricots et poissons séchés. Papa Deny, expert en pêche à la ligne, attrape à 2 reprises de beaux (et délicieux!) silures. Papa Vicky quant à lui nous déniche occasionnellement de succulentes plantes sauvages.
Les "escargots" nécessaires pour appâter le poisson sont nombreux en forêt |
Papa Deny prépare ses lignes au attachant aux hameçons des morceaux d'escargot |
Silures pêchés par Papa Deny |
Bouillon de poisson à la tomate |
Papa Vicky prépare des asperges sauvages
Préparation du fufu par Junior |
Sur le chemin du retour je médite sur cette riche
expérience. La pénibilité de la tâche m’aura probablement endurcit l’esprit plus que le
corps. Le courage des pisteurs, leur persévérance et leur insouciance face à la rudesse du travail m’inspirent un profond respect. Des exemples à suivre donc, pour devenir un vrai guerrier capable d'affronter la forêt!
Lipasa et Junior |
L'ambiance est légère sur le trajet du retour |
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